vendredi 24 octobre 2008

Rachida m'a tuer

Les temps sont agités. La crise du Service Public de la Justice s'aggrave de jour en jour. Pour bien des magistrats, le système est à l'agonie. La nécessité de la réforme n'est pas remise en cause, tous s'accordent pour dire qu'il est temps de changer les choses. Mais les avis divergent quant aux modalités de sa mise en oeuvre.

Il y a un an déjà, Mme Dati, Garde des Sceaux et Ministre de la Justice présentait la première réforme devant s'appliquer au système judiciaire français. La carte judiciaire était dépassée par l'explosion des contentieux. Soit, réformons la. Heureux qu'on leur prête enfin attention pour autre chose que des erreurs judiciaires (Outreau, quand tu nous tiens...), les magistrats et les personnels de justice devaient vite déchanter : le projet mis en oeuvre tendant en réalité non pas à renforcer leurs moyens face au sur-encombrement des juridictions (tant judiciaires qu'administratives), mais à la suppression de nombreux tribunaux, notamment dans les régions rurales touchées par l'exode. Pour renforcer l'activité des judictions urbaines alors ? Et bien non, pas du tout. Alors dans quel but ? La réforme de la carte judiciaire visait tout bonnement à réduire les dépenses de l'Etat consacrées à l'Administration de la justice. La nouvelle carte aurait pu passer, non sans anicroche, mais sans déclencher autant de mécontentement chez les fonctionnaires. Quand une faute est commise, il faut rechercher son auteur. Dans l'esprit des magistrats le coupable est tout trouvé, il s'agit de Rachida Dati, Ministre de la Justice.

S'agit-il d'un procès gratuit ? Que peut-on vraiment reprocher à Mme Dati ? La majorité des français sont choqués par ces attaques. Car il faut souligner que la cote de popularité de Rachida Dati n'a jamais atteint des niveaux aussi élevés qu'aujourd'hui (55 % des français approuvent son action, selon un sondage du mois d'octobre). Si les Français aiment Rachida Dati, c'est qu'elle représente l'idéal de la réussite : c'est un pur produit de l'immigration, promu à l'un des postes les plus hauts placés du Gouvernement par son mentor qui ne cesse de lutter pour une société dans laquelle la réussite se réalise par le mérite. Qui plus est, c'est une femme!(touchée par l'immaculée conception semble-t-il). Mais alors pourquoi les magistrats n'ont-ils aucune confiance en elle ?

Ces raisons sont multiples, d'origines variées, et à mon avis légitimes.

Dans un premier temps, il faut souligner que Mme Dati agace le monde judiciaire. A la manière de son mentor, au lieu de prévenir les dysfonctionnements par une politique pensée et débattue, elle passe une bonne partie de son temps sur les lieux des faits divers. Aujoud'hui à la prison de Fresne pour le suicide d'un détenu ; hier elle était à celle de Rouen pour un autre suicide. Un samedi soir à 23h30 elle interroge avec les services de l'inspection générale de la Justice une jeune juge d'application des peines. La cause de ceci ? Le suicide d'un mineur, en prison encore une fois. Probablement de la faute de son juge d'application des peines, qui n'a fait qu'appliquer la loi et les directives provenant du Ministère.

Et le reste du temps, que fait la Ministre de la Justice ? Dîners et cocktails occupent ses soirées. La jeune femme a dépassé le budget du Ministère de la Justice de plus de 30 % en 2007 pour organiser des réceptions. Objectif ? Tisser des réseaux pour plus tard, on ne reste pas ministre toute sa vie. Ses journées, elle les passe souvent avec les journalistes. Pas ceux des revues juridiques. Elle est extrêmement solicitée par la presse féminine, et donne beaucoup d'interviews. On peut comprendre le ras le bol des magistrats qui se tuent à la tâche tous les jours, en faisant de leur mieux pour rendre une bonne justice, avec le peu de moyens dont ils disposent. Car le budget de la Chancellerie se classe au 35ème rang européen. Ce qui ne semble pas émouvoir plus que cela la ministre en charge du Service Public de la Justice. Très beau score que voila pour le pays qui se dit champion des droits de l'Homme. La France a été condamnée 200 fois en dix ans par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour durée de procédure excessive ( violation de l'article 6 § 1 CEDH, pour les puristes).

La seconde chose que l'on peut repprocher à Rachida Dati réside dans le manque de sens politique de la Ministre. Chacune des réformes touchant au Service Public de la Justice a été menée unilatéralement, sans concertation avec les magistrats qui sont les premiers concernés, et les plus grands experts de la matière. Prenons les "peines plancher" par exemple (les peines plancher sont des peines minimales que le juge est obligé d'infliger en cas de récidive). Contestées, elles l'ont été. Mais elles ont été aussi soutenues par d'éminents pénalistes, comme des avocats généraux à la Cour de cassation par exemple. Quoi qu'il en soit, le Gouvernement les a imposées aux juges. Quoi de plus normal me direz vous? Ce n'est pas au juge de faire la Loi, son rôle étant seulement de l'appliquer. Et de l'appliquer durement, selon les directives de la Ministre, influencée en cela par le Président de la République en personne. C'est cela la politique du tout sécuritaire.

Sauf que le malaise est profond chez les magistrats répressifs. Voyez-vous, l'effet direct de la politique des peines planchers est d'entasser les récidivistes même ayant commis des infractions mineures dans les prisons. Aujourd'hui, quelques 7000 personnes sont incarcérées pour des peines de moins de 6 mois (ce qui représente un taux très important). Par voie de conséquence, les prisons sont surpeuplées (bien souvent 3 détenus dans une cellule deux places : deux dans des lits, le troisième par terre : à la bonne franquette). Très vite, les douloureux résulats de cette politique se font sentir : 93 suicides dans les prisons françaises depuis le 1er janvier 2008. Un, voire deux par jour depuis le début de l'automne. Dès lors, la Ministre donne des directives supplémentaires à ses magistrats : appliquez strictement les lois pénales, mais soyez doux avec les délinquants pour éviter qu'ils se suicident. Mettez vous une seconde à la place d'un juge de tribunal correctionnel travaillant souvent 15 heures par jour, avec des audiences s'étendant régulièrement jusqu'à minuit, une heure du matin en comparution immédiate. Elle vous demande d'être extemement sévères envers les délinquants, et la France vous désigne comme étant responsables des suicides des détenus. Ce que ne nie pas la Ministre, qui apparemment n'est pas là pour protéger les magistrats. Que faites-vous ? Vous criez à l'incompétence de Rachida Dati haut et fort.

Ah mais non, suis-je bête ! Vous ne pouvez pas crier car vous êtes liés par un fort devoir de réserve. Vous n'avez d'autre choix que de vous taire, en attendant que le Garde des Sceaux daigne recevoir des représentants d'un monde à l'agonie, celui de la Justice française. Peut-être trouvera-t-elle un créneau entre un rendez-vous chez le coiffeur, une réception et une interview pour le Elle. Ou pas.

Un sondage très récent signé IPSOS, commandé par le Conseil Supérieur de la Magistrature, indique que seuls 63 % des Français font confiance à la Justice de leur pays, ce qui me choque profondément. Alors que 55 % d'entre-eux jugent que Rachida Dati fait du bon travail, ce qui me révolte tout bonnement.

Si cela vous intéresse, voila le témoignage d'un ex-détenu lyonnais sur les conditions de son emprisonnement

mercredi 18 juin 2008

Film officiel de présentation des Scouts

Comme la vie est bien faite ! Alors que je réfléchissais à de nouveaux moyens de vous expliquer clairement ce qu'est le scoutisme, voila que je tombe inopinément sur une vidéo publiée sur le site des scouts et guides de frances (www.scoutsetguides.fr).

Pour la vidéo sur dailymotion, cliquez ici !

vendredi 30 mai 2008

Du Scoutisme - 2ème Partie - Spiritualité

On arrive à un point particulièrement intéressant à mes yeux. La question religieuse. Une histoire qui, semble-t-il, fait débat.

Alors, et Dieu dans tout ça ? Commençons par dire que l'association des Scouts et Guides de France est d'obédience catholique. Ce qui implique que la pédagogie en vigueur soit imprégnée des valeurs morales catholiques. Rien de très extraordinaire finalement, compte-tenu du fait que ce sont ces mêmes valeurs morales qui forment les valeurs sociales de notre société. Ce sont les mêmes valeurs qui soutiennent notre droit, valeurs qu'on peut retrouver de partout : le respect de la personne humaine, la solidarité, l'épanouissement personnel, l'amitié, l'entraide, le partage, le respect de la parole donnée et des engagements en général.

Mais concrètement, comment cela se retrouve-il aux scouts ? A travers l'ensemble des activités tout d'abord. Celles-ci s'articulent autour de toutes ces valeurs. Que ce soit par l'intermédiaire de jeux collectifs, ou par le biais de l'aide qu'apporte le plus grand au plus petit. Au final, peu importe le moyen, la fin est toujours là.

Ensuite, passons à la question de la messe. En week-end ou en camp, il y a toujours au moins une messe. Un office religieux qui n'est pas obligatoire, bien sûr. Car le mouvement des Scouts et Guides de France est ouvert à toutes les confessions. Il n'est pas anodin que j'ai traité les valeurs du mouvement en premier lieu, car ce sont elles qui tiennent la part la plus importante dans la spiritualité scoute. Et non pas le dogme catholique stricto sensu comme beaucoup peuvent, à tort, le penser. La finalité n'est pas de faire des scouts des êtres soumis à un texte, mais à en faire des êtres éclairés, imprégnées de valeurs qui me semblent essentielles. Encore plus aujourd'hui qu'il y a cinquante ans.

Car à l'époque de l'individualisme chronique que nous connaissons, il parait important de ne pas perdre de vue des valeurs humanistes qui permettent de concrétiser des actions pour parvenir à un monde meilleur. Un scout imprégné de ces valeurs est un scout meilleur, et pourra être plus tard un homme, ou une femme meilleure. Et influer sur son environnement pour l'améliorer. J'y crois profondément. Elle est peut être là la vraie puissance divine.

Enfin, je ne pouvais pas vous parler de la spiritualité scoute sans évoquer ce que nous appellons aux scouts les "temps spi". Les temps spirituels sont des temps de discussion spirituelle. Concrètement en camp, nous chefs donnons à une équipe un sujet à traiter. Cette équipe devra réfléchir à ce sujet (par exemple, l'amitié, ou la vie en équipe....) et le présenter deux jours plus tard à leurs camarades. Le but de l'opération est de tenter de sensibiliser les jeunes à de très nombreuses problématiques. Leurs sujets, ils les expliquent à leurs amis avec leurs propres mots, en choisissant des chants correspondants aux idées qu'ils développent. Cela participe de leur éducation, et de leur développement intellectuel.
Pour mieux grandir.

mardi 6 mai 2008

Du Scoutisme - 1ère Partie - Apprendre

Un des principes de base du mouvement des scouts et guides de France aujourd'hui est le suivant : l'éducation des jeunes par les jeunes. Dans les faits, le principe se vérifie à bien des niveaux.

Dans un premier temps, les Chefs scouts (au sens large : chefs louveteaux, chefs scouts, chefs pionniers) sont théoriquement tous des "d'jeuns". Logiquement, les chefs louveteaux sont ceux qui ont le plus grand écart d'âge avec les enfants, puisque ceux-ci sont les moins agés (ils ont de 8 à 11 ans). Puis viennent les chefs scouts (dont je fais personnellement partie). Les scouts ayant de 11 à 14 ans, j'ai 9 ans de différence d'âge avec mes plus jeunes scouts. L'écart se rétrécit ensuite pour les chefs pionniers : si je décide l'an prochain de devenir chef rouge, j'aurais alors au maximum seulement 6-7 ans de différence avec mes pios (qui ont de 14 ans à 17 ans).

Une maigre différence d'âge est sans aucun doute un avantage pédagogique. Ai-je oublié quelle était ma façon de penser à l'âge de 14 ans ? Certainement pas. Aurais-je alors oublié quelles étaient à l'époque mes rêves, mes préoccupation, mes forces et mes faiblesses ? Je ne crois pas. En bref, qui peut mieux comprendre ce qui se passe dans la tête d'un jeune qu'un autre jeune ? Tout le monde pense avoir beaucoup appris de ses grands frères et grandes soeurs, ou de ses grands cousins. Le schéma est le même. Sauf que je ne suis pas le frère de mes scouts. Je suis leur chef. Ce qui me permet, lorsqu'il le faut, d'imposer mon autorité sans équivoque (ou au moins d'essayer). Le chef scout a, avec ses scouts, une relation qui oscille entre celle qu'un père peut avoir avec son fils, et entre celle qu'un grand frère peut avoir avec son petit frère. En prenant finalement les avantages des deux catégories. De là à dire que le chef scout est le pédagogue parfait, il n'y a qu'un pas. Que je ne ferais pas aujourd'hui.

Il ne faut pas oublier qu'un des buts de l'entreprise est l'éducation des jeunes. L'éducation scoute. Il s'agit de transmettre les valeurs qui sont celles du mouvement : l'esprit d'équipe, le sens de l'effort, le dépassement de soi même, le respect de l'autorité, l'épanouissement personnel, la vie en communauté fermée. Apprendre à vivre avec des moyens simples procurés par la nature (et donc distinguer l'utile du superflu), le travail en équipe sous la forme de projets sur un plus ou moins long terme, et la liste n'est pas exhaustive. On arrive au moment où vous pouvez légitimement me demander comment un chef scout croit pouvoir enseigner tout cela. La réponse est simple : le chef scout n'invente au final pas grand chose, il ne fait que transmettre ce qu'il a appris aux scouts lorsqu'il était plus jeune. Et cela il n'a pas pu l'oublier, d'une part parce que ce que l'on apprend aux scouts on ne l'oublie jamais, et d'autre part parce que le chef scout était scout il y a vraiment peu de temps. Je vais même vous faire une confidence : transmettre ce que l'on a appris est extrêmement enrichissant, et c'est super agréable (oui Richard, même si c'est bénévole). Peut être même encore plus parce que c'est bénévole.

Enfin, l'éducation des jeunes par les jeunes trouve aussi à s'appliquer au sein des équipes de jeunes : sixaines chez les louveteaux, patrouilles chez les scouts etc... Des équipes de 6 jeunes. Dans l'équipe, les plus agés, les plus expérimentés donc, tiennent un rôle de responsable auprès des plus jeunes. Censés les dirigés, ils apprennent les joies et les peines du leadership. Pendant le camp sont organisés des conseils de patrouilles dans lesquels les scouts discutent par équipe chaque jour des problèmes et des satisfactions qu'ils retirent de la vie en groupe. Puis les pilotes se regroupent, accompagnés d'un ou de plusieurs chefs, pour faire un conseil de pilotes où seront discutés les problèmes de chaque patrouille, sous l'égide d'un chef. Il est donc visible que le mécanisme à un double effet vertueux : les plus jeunes de l'équipe profitent de l'expérience de leurs chefs d'équipent, qui eux mêmes apprenent ainsi à s'occuper des plus jeunes, à gérer leur vie de patrouille, à diriger les autres, à déléguer des taches pour réaliser une mission, etc... Tout cela grâce à l'aide de leurs chefs auprès desquels ils peuvent trouver de bons conseils, et la solution à leurs problèmes. Pour mieux grandir.

lundi 5 mai 2008

Démagogie

Démagogie : du grec demos, le peuple et ago, conduire. Une fois encore on ne regrette pas ces 4 longues années de cours de Grec ancien. Enfin passons sur cet autre débat.

Comment parler de la démagogie sans tomber dans la démagogie, ou encore pire, dans le débat politiquement orienté ? Et puis zut, l'intégralité des lecteurs de ce blog sont des amis proches et sont donc au fait de mes convictions politiques. Le démagogue est celui qui conduit le peuple. A priori, on peut aussi ne pas être choqué par cela. D'autant plus que le système du gouvernement représentatif repose sur l'élection par les citoyens des meilleurs d'entre eux, pour que ces élites conduisent la politique de la Nation. Pour que les meilleurs, les plus aptes, fassent les bons choix. On part donc du postulat selon lequel le gouvernant est choisi par les gouvernés pour son excellence, sa supériorité dans le domaine politique. Oui mais il faut bien pour que le futur gouvernant soit élu qu'il arrive à convaincre les foules qu'il est bien celui qu'il faut placer à la tête de l'Etat. Et Dieu sait si la foule est volage, parfois brillante, parfois stupide. Infidèle, certains le pensent. Influençable, vous en conviendrez.

Pauvre gouvernant, pour toujours plaire il doit en faire des acrobaties. S'exhiber, se montrer, être beau (cela n'est pas donné à tous le monde, ciel que la vie est injuste !), être drôle quand il le faut, et très sévère quand le besoin s'en fait sentir. Ne pas oublier ses talons. Passer après sa femme, pour descendre d'un avion. Séduire plutôt que convaincre. Le côté obscur de la Force n'est pas loin. Il est bien plus facile de prendre le chemin de la facilité, d'être un hypocrite (du grec upokritès, l'acteur) que quelqu'un qui assume le poid du pouvoir. Les plus forts ne sont pas toujours les plus beaux.

Il me semble que Platon faisait des démagogues le cancer qui ronge toute démocratie. Avait-il tort ? Pour moi, il avait fort raison si on ramène la démocratie au choix par l'élection. Ce qui n'était pas le cas par exemple si on pense à la démocratie athénienne où le tirage au sort tenait une grande place. Mais aujourd'hui il a disparu. Celui qui gouverne est donc celui qui a su convaincre ou séduire les foules. Par ses frasques, ses unes de Gala, Paris Match et autres Closer. Ses amours, sa rupture, ses courses à pied. Monsieur Regardez-moi-je-suis-pire-que-vous-vous-pourriez-être-à
-ma-place-le-mérite-c'est-fantastique.

Le plus gros problème, outre le fait que la démagogie n'ait jamais aussi bien fonctionné que de nos jours, est d'y trouver une parade. Je n'en vois pas. Mesdames et messieux, Platon a raison. La politique se métamorphose, tout le monde en est bien conscient. La rupture est là, partout. La retenue et l'humilité sont devenus des défauts. Le bling-bling parle plus à l'électeur que le paquet fiscal dans un pays endetté comme la France. Ou en tous cas, il est bien plus facile pour celui qui vote d'entendre parler de vacances sur un yacht que de politique au sens strict. Les médias ont remplacé l'Eglise au fourreau du démagogue. Un ennemi de plus pour la République. Qu'elle s'accroche à ses principes, et nul doute qu'elle vaincra. Quand à vous ouvrez les yeux, car l'heure est plus grave qu'il n'y parait. N'oublions pas que l'histoire est un cycle où les mêmes schémas se répètent inlassablement. Réfléchissez. Sinon, advienne que pourra.

jeudi 24 avril 2008

Du Scoutisme - Introduction

J'ai toujours été faciné par les scouts. Ces jeunes filles et garçons qui partent pour un temps vivre ensemble des aventures dans la nature. Pourtant, je ne suis pas si éloigné que ça du mouvement, j'ai même été scout de France de mes 8 ans jusqu'à l'âge de 14 ans. J'ai arrêté à 14 ans car je pensais naîvement que continuer les scouts m'aurait privé de l'essentiel de mon temps libre. Ironie du sort, si il y a bien une seule chose dont je n'ai jamais manqué, c'est bien de temps libre. Je fais partie de ceux qui n'accordent pas énormément de temps au travail scolaire. Quoi qu'il en soit, je n'ai jamais vraiment cessé d'être scout. Ce que j'ai appris aux scouts, je ne l'oublierai jamais. Mieux, je le transmets désormais. Scout pour toujours donc. A ne pas confondre avec l'expression scouts toujours qui vient de l'anglais be prepared ("sois prêt"). Au lycée, je suivais avec délectation et envie les aventures des pionniers de Sainte Croix que me contait Philippe-Antoine. Borné comme je suis, il était hors de question pour moi de retourner camper avec mes amis scouts. Ce n'est qu'à la fin de ma deuxième année de droit (à 19 ans donc, je suis né en Septembre), que Thomas et Robin, chefs scouts à Sainte Marie de la Guillotière, m'on convaincu de les rejoindre avec Philou qui était enrôlé. Il faut avouer qu'ils m'ont présenté l'engagement dans une maîtrise avec des arguments que seuls des chefs scouts peuvent avancer en soirée. Dès l'été dernier nous voila donc partis pour un camp mémorable, à 5 avec Pierre-Yves (dit "Tonton Bubuche"). Depuis, je peux dire fièrement que je suis chef scout de l'unité scoute de la Guille, 1ère Lyon (ou Sainte Marie 9ème Lyon pour Thomas). Fièrement vous ai-je dis ? Pas toujours malheureusement, ou du moins pas pleinement. Car les scouts ne sont plus à la mode. Ce qui me pousse à présenter brièvement le mouvement dans son histoire, ses tendances, ses évolutions, et même dans ses ambitions. Pour balayer certaines idées préconçues assez répandues. Pour rendre à César ce qui lui revient de droit.

mercredi 23 avril 2008

Du lourd

Ne soyez pas trop impatients, je vous prépare du lourd pour le prochain article. De quoi parfaire si besoin est votre culture, et de balayer certains a priori.

A très bientôt.

mercredi 9 avril 2008

Le pouvoir exécutif sous la Vème République

Le Président de la République est, en France, le chef de l'Etat. C'est l'homme, ou la femme qui, bientôt, conduira la politique de la Nation, si le projet de révision constitutionnelle est adopté conformément aux souhaits du Président Sarkosy (le rôle de conduire la politique de la Nation est pour le moment dévolu au Premier ministre).

Petit rappel historico-constitutionnel. L'organisation des pouvoirs, telle que nous la connaissons en France, est issue de la Constitution du 4 octobre 1958 modifiée par plusieures révisions postérieures. Dans sa configuration initiale, la Constitution prévoyait que le Président de la République était élu au suffrage universel indirect, c'est à dire qu'il était élu par des grands électeurs. C'est comparable, toutes proportions gardées, au mode d'élection du Président des USA.

Quoi qu'il en soit dès 1962, le Président De Gaulle alors au pouvoir, et lui-même grand inspirateur de la Constitution, décida qu'il était temps que le Président de la République soit élu au suffrage universel direct (SUD). Cela fut rendu possible par une révision constitutionnelle consécutive à un référendum "plébiscitaire" dont le Général avait le secret.

Le changement est de taille. On passe en effet à un système où le Président de la République, directement élu par la Nation, dispose d'une légitimité démocratique incomparable. Rappellons en effet que bien des chefs d'Etat de part le monde ne sont que des chefs de majorité, comme par exemple le Prime minister anglais ou le Chancellier allemand. Peu de chefs d'Etat peuvent donc se targuer d'avoir une légitimité comparable à celle du Président français qui est directement désigné par les citoyens lors un scrutin majoritaire uninominal à deux tours.

Et cela a donc le mérite de chambouler complètement l'organisation des pouvoirs. Il faut se rappeller, même si c'est parfois difficile, que l'Exécutif est bicéphale : il est formé par le Premier ministre, choisi par le Président de la République dans la majorité règnant sur l'Assemblée nationale, et par le Président de la République lui-même. Or avant 1962 et l'élection du Président au SUD, le Premier ministre disposait d'une légitimité presque supérieure à celle du Président, puisqu'il est le chef de la majorité parlementaire. Ainsi, le bicéphalisme de l'Exécutif était équilibré. Car c'est la légitimité qui est la source du pouvoir démocratique.

Mais dès 1962, c'est à dire très tôt dans l'histoire de la Vème République, le rapport de force s'est brutalement inversé, le Président de la République étant désigné par le SUD, et disposant donc d'une légitimité beaucoup plus grande que celle du Premier ministre. On peut donc se demander à quoi peut bien servir le Premier ministre en France, ou, au moins, s'il dispose vraiment d'un pouvoir effectif. L'exercice actuel des pouvoirs, avec un Président de la République disposant d'une forte personnalité, rafraichit le débat.

A vos commentaires.

dimanche 6 avril 2008

A posteriori

Les premières réactions concernant mon article ont été très contrastées. C'est bien la preuve que la première fonction de mon blog est remplie. Il ne s'agit en effet d'autre chose que d'alimenter la polémique. On a pu me reprocher, entre autres, un manque d'objectivité. D'aucuns pensent que j'ai livré un pamphlet très engagé contre l'abstention et le vote blanc. En vérité, tel est bien le cas ! Car le but de l'opération est bien de donner mon avis, qui sera forcément subjectif, sur des sujets qui me tiennent à coeur. Je les espère d'ailleurs aussi variés que possible, de façon à ne pas lasser les geeks que vous êtes.

Cela étant, mon tour est venu de vous blâmer. Car un bon nombre de personnes sont venus faire un tour sur ce blog. La grande majorité sont des amis proches, qui se sont connectés pour me faire plaisir et sans grand intérêt pour la matière. Voila pourquoi je les remercie de tout coeur. Mais pour ceux qui sont touchés, de quelques façons que cela soit, il faut absolument que vous postiez des commentaires en bas des articles, afin que la discussion ne reste pas un monologue que j'aurai à terme beaucoup de mal à assumer seul.

Ces éléments étant maintenant connus de tous, il va falloir que je me penche sur une nouvelle polémique à déclencher.

Bonne nuit à tous,

Pierre

jeudi 3 avril 2008

De l'abstention électorale et du vote blanc

Le phénomène électoral me passionne. Quoi de plus normal, me direz vous, lorsque'on a vingt ans? Pourtant, je n'ai à ce jour voté qu'à trois occasions : élections présidentielles de 2007, municipales et cantonales de 2008. Une défaite (qui m'a fait mal, je le concède volontiers, d'autant plus que j'en ressentirai les effets pendant encore quatre longues années...) pour deux victoires, le bilan est appréciable. Si, si, il me ravit. Mais de quel droit s'enorgueuillir de la victoire de ses champions? Du droit de vote, bien entendu ! Ce droit de vote inhérent à ma citoyenneté française, ce droit de vote qui fait que quand l'on me parle de la Nation, je ne pense pas à eux, ni à vous, mais à nous. Ce droit de vote qui, a fortiori vous en conviendrez comme moi, fait de nous les enfants de la République.
Ô droit de vote ! Quel lyrisme. Et pourtant, le droit de vote peut tout aussi bien être guaspillé (ce qui peut se comprendre, étant donné que chacun est libre de l'exprimer comme bon lui semble), que laissé de côté, inutilisé. Oui, encore une fois, chacun est libre d'exprimer ou non son droit de vote. On pourrait ainsi en se plaçant du côté des autres (au sens le plus péjoratif du terme, veuillez m'excuser), considérer que la citoyen français dispose d'un "droit à l'abstention". Comme l'expression est bien trouvée. Quel gâchis ! Je ne suis pas là pour donner des leçons d'histoire aux "autres" comme je les appelle. Notons seulement que le suffrage universel direct masculin est acquis en France depuis la deuxième République (1848). 1848... 2008... Petit calcul mental (ce n'est pas mon fort). On arrive donc au 160ème anniversaire du suffrage universel masculin. Considérons les choses d'un autre point de vue et voyons les non pas à l'échelle d'une vie humaine, mais à celle de l'Histoire. Il faut bien décider arbitrairement d'une date de début, prenons l'an 0. On arrive à un résultat équivalent à 160 années de suffrage universel direct masculin sur 2000 ans et des poussières d'histoire. Et oui, le vote est récent les amis. Cela ne fait que 160 que le citoyen est capable, sans distinction de revenu, de classe sociale, etc. , de choisir par qui il sera représenté, et a fortiori gouverné. 160 ans que les simples individus que nous sommes pouvons librement choisir. Alors pardonnez moi, mais je m'étonne que certains d'entre nous fassent le choix de ne pas choisir (le paradoxe est étonnant de limpidité, non?). Car s'abstenir, c'est bien se taire, ne pas s'exprimer, et donc ne pas choisir. Pour aller plus loin, être passif, un légume en quelques sortes. Complètement passif. Pardonnez moi donc, mais j'avoue librement ne pas vraiment apprécier ce comportement de bovin. Ecoutons désormais les justifications de ceux de nos concitoyens qui sont allergiques aux urnes : "si je me suis abstenu, c'est parce que je ne savais pas pour qui voter", et même : "je n'avais ni le temps ni l'envie". Ou encore : "à quoi bon?". Les révolutionnaires (nos ancêtres) doivent se retourner dans leurs linceuls bleu-blanc-rouge.

Tentons de résumer, car à ce stade la réflexion commence légèrement à s'embrouiller, et il ne s'agit pas de rendre ces quelques mots incompréhensibles après tant d'efforts ! Pour résumer donc, on s'abstiendrait pour ne pas avoir à choisir entre des candidats "plus mauvais, plus pourris les uns que les autres". Celui qui s'abstient ne fait pas le choix du moins pire, il décide de ne pas choisir. Cependant, et n'hésitez pas à poster des commentaires insultants si je me trompe, il me semble que celui qui s'abstient a finalement vocation, et ce malgré ses efforts de volonté épuisants, à être gouverné par un des candidats auquel il a refusé de donner mandat. En clair, si la majorité de la population, ou même les trois quarts, décidaient demain de s'abstenir à une élection présidentielle car aucun des candidats n'aura été convaincant, cela n'empêchera pas un de ces mêmes "mauvais, pourris, avec des idées horribles" d'être élu et d'exercer la durée de son mandat en toute légitimité démocratique.

Alors oui, étant profondément épris de démocratie, ayant un goût prononcé pour la Chose Publique, l'abstention me dégoute, et ses défenseurs me font sourire d'amertume. Un tel comportement civique, chers enfants de la République, fait le jeu de ceux que vous détestez sûrement plus que les autres. Certains dirigeants de partis dits "extrêmes" peuvent légitimement se frotter les mains en regardant les chiffres de l'abstension. Mais je m'emporte dans des considérations policiennes qui n'ont pas leur place ici. Il faudrait que ma raison domine pour quelques temps encore mes passions.

Certains d'entre vous seront peut être déçus en se disant que j'ai accordé trop de place dans ma réflexion au cas de l'abstention électorale, au détriment du cas du vote blanc. Réjouissez vous bien au contraire : toutes les idées que j'ai pu évoquer au sujet de l'abstention s'appliquent au vote blanc. Enfin presque toutes.

Comme chacun sait le vote blanc consiste, à la différence de l'abstention, à se déplacer diligeamment jusqu'aux urnes dans le seul but de ne voter pour personne. Voterai-je ou on? Allez, votons pour personne ! Pardon, voila que je m'égare à nouveau. Bref, celui qui vote blanc vote - mais pour personne. Enfin, c'est l'idée. Drôle d'idée. Pour en avoir longuement discuté avec des adeptes de ce sport intellectuel, ou au moins avec des gens qui peuvent comprendre les "autres" d'une façon qui m'est étrangère, le raisonnement intellectuel est le suivant. Celui qui vote blanc, et la chose est sensiblement loufoque vous en conviendrez aisémment, méprise celui qui s'abstient, en tant qu'il ne remplit pas son devoir citoyen. En écrivant ces mots, je ne peux m'empêcher de rire, mais là n'est pas la question. Venons en au fait. Celui qui vote blanc a le sentiment d'exprimer son mécontentement. Le voteur blanc est un grand blasé de la vie politique. C'est sûrement que lui seul détient la vérité, et que les candidats polytechniciens-enarques-sciencespôsards n'entendent rien à la Chose Publique. Le voteur blanc est un modèle du genre. Mais interrogeons nous sur la portée réelle de son geste. Il faut ici que je vous précise que bien que comprenant la force de la symbolique (si Richard, je t'assure), mon esprit penche plus pour l'empirisme et les résultats en matière de droit, et de politique. Ainsi donc, le voteur blanc exprime par son vote blanc son mécontentement, ou son manque d'avis tranché, ce que vous voulez. Soit. Et après?

L'un d'entre vous peut-il me dire ce qui fait la différence entre l'abstention et le vote blanc en matière de résultat? Tous deux sont juridiquement inopérants. Leur effet est nul. Vous me reprocherez à nouveau de "ramener" ma culture juridique. Mais qu'est-ce qu'une élection, à part l'expression d'une partie de notre droit constitutionnel? La finalité d'une élection est simplement d'élire des dirigeants ou des représentants. Que les "autres" aient voté blanc, ou se soient abstenus, n'aura aucun effet sur le résultat de l'élection. Au pire pourrez vous me dire que la légitimité démocratique du candidat élu sera entamée, soit. Cela l'empêchera-t-il de terminer son mandat? Non. Et c'est cela, et seulement cela, que retient l'Histoire.
Pour finir, soyons bons juristes. Bien que je répugne à appliquer à une question de droit public des raisonnements de droit civil, il faut bien avouer que l'affaire s'y prète à merveille. Alors soit. Qui ne dit mot consent.